DNA, Jeudi le 22 Aout 2019
À la veille des Euro Mini Champ’s au complexe Nelson-Mandela de Schiltigheim, Damien Loiseau, le sélectionneur de l’équipe de France des moins de 12 ans, revient sur la formation des jeunes pongistes.
En charge de la détection à la Fédération française de tennis de table, Damien Loiseau est également à l’origine de la création des Euro Mini Champ’s. Depuis une semaine, l’Alsacien encadre le stage de l’équipe de France des moins de 12 ans qui aura la lourde tâche de perpétuer une tradition qui voit chaque année un Français s’imposer dans l’une des quatre catégories.
« Aujourd’hui, il faut dix ans pour préparer un jeune au haut niveau »
Après onze années comme conseiller technique national, il a acquis une expérience incomparable en matière de formation et sera, à partir du 1er septembre, en charge de l’équipe de France cadets (moins de 15 ans).
Pourquoi avoir décidé de lancer une compétition pour des pongistes aussi jeunes ?
Il y a un peu plus de quinze ans, un nouveau directeur technique national a souhaité relancer la détection afin de concurrencer l’Asie.
On a commencé à modifier notre programme de formation et nous avions besoin de savoir où nous étions au niveau européen.
Comment la compétition a-t-elle évolué au fil des années ?
C’est une compétition qui a pris ses lettres de noblesse. Le premier vainqueur français, Simon Gauzy en 2005, est aujourd’hui numéro 20 mondial. La compétition est devenue, au moins en Europe, un évènement incontournable dans un projet de haut niveau.
Aujourd’hui, si on ne fait pas un huitième ou un quart de finale aux Euro Mini Champ’s, c’est très dur d’intégrer le haut niveau ensuite.
Donc un enfant qui commence le tennis de table après ses douze ans ne pourra jamais atteindre cette excellence ?
On peut toujours avoir des contre-exemples, mais de nos jours le savoir-faire d’un joueur de douze ans est tel, que ça me paraît très difficile. Tous les joueurs qui dominent actuellement le tennis de table ont commencé à jouer très tôt.
La Chine domine outrageusement la discipline, à quoi ressemble la formation de leurs jeunes pongistes ?
Les Chinois commencent le tennis de table à partir de quatre ans et s’entraînent très rapidement deux heures par jour. La technique est au centre de leur préparation et ils excellent dans ce domaine.
C’est un modèle que vous cherchez à suivre ?
On ne veut surtout pas les copier car nous savons que nous serons toujours derrière eux. En étant très exigeants sur la technique, on risque de décourager certains enfants donc nous avons décidé d’axer notre formation autour du jeu et de l’habileté, puis d’y greffer petit à petit la technique.
« Un axe assez novateur »
On essaie d’aborder le tennis de table un peu différemment pour aller embêter les Chinois sur des points qu’ils maîtrisent un petit peu moins. C’est difficile car c’est un axe assez novateur, mais on est convaincu que c’est comme ça que nous pourrons peut-être réussir à décrocher un titre à un moment ou à un autre.
Quelle place donne actuellement la Fédération française à la formation ?
Aujourd’hui, il faut dix ans pour préparer un jeune pongiste au haut niveau. Les Jeux olympiques de Paris arrivant à grands pas, les moyens de la Fédération sont mis davantage sur les seniors que sur les jeunes. C’est aux entraîneurs de trouver des solutions financières pour continuer à avoir des moyens de travailler.
Par exemple, nous demandons un peu d’argent aux nations étrangères pour participer aux Euro Mini Champ’s. Ça nous permet ensuite de réinvestir cet argent pour aller faire des stages en Asie.
Propos recueillis par Nicolas GRELLIER